Nous nous sommes tant aimés.
Paris sans Roberts, mais que sont les editeurs devenus?
Jean -Marc Roberts est mort. Mort annoncée, mort romancée. Mort mise en forme et mort mise en boîte. Dans une récente interview , jean -Marc Roberts gardait son sens de l'humour et son détachement superbe pour parler d'un avenir qui ne serait pas. Pour vilipender aussi les peine-à-jouir khâgneux bien pensants d'une gauche outrée par l'édition du livre de Marcela Iacub. Un homme libre que nous avons pu croiser deux fois, à chaque remise de manuscrits.
La légende Robertsienne et Stockienne dit qu'il lisait chacun d'eux, personnellement. Peu importe. Il répondait en tout cas à tous. et cela est remarquable dans un monde où certaines maisons d'éditions n'ont ni le temps ni la décence de se comporter comme telle.
Alors bien sur, cet homme de caractère n'a pas eu que des amis. On lui a reproché ses rendez-vous au Crillon par exemple. Mais broutilles... Jean Marc Roberts savait une chose beaucoup plus importante. Il savait et vivait ce que Pessoa écrivait. Il savait que "La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas. » Il la vivait pleinement et généreusement.
Rien que pour cela Monsieur Roberts nous vous saluons avec respect et gardons en tête votre clin d'oeil malicieux que vous nous avez donné.
Bises Robertsienne.
Daniel Darc est mort. Une vie parisienne.
Ca y est : il est parti Daniel Rozoum. Il en avait marre mais aimait tellement cela. La vie et sa représentation. La vie et la beauté de ses crépuscules. La vie à Paris dans son onzième en feu. La vie et ses fulgurances. La vie et tout ce qui n'est jamais dit. La vie et tout ce que l'on écrit à défaut de savoir le dire.
Mais Daniel savait tout cela et vivait tout cela. Depuis 1959, ce garçon a cherché la vie et a su la trouver dans ses excés et ses amours. Dans ses bas et ses bas en se disant que les hauts valent le coup, sûrement. Daniel Darc ou l'attente fievreuse. Il y avait tant d'amour chez lui qu'il ne pouvait qu'être décu. Tant de poésie qu'il ne pouvait qu'être décalé, voire décalqué par la réalité. Il savait trop pour être heureux Daniel ("celui qui sait est malheureux" ds 'La pluie qui tombe'.)
Si l'épilepsie punk a pu être un moteur pour lui à un âge où l'on consomme tout, tout seul et sans limite, du Lycée Balzac en 1978 à la fin de Taxi Girl en 1986, il portait en lui un existentialisme trop questionné pour être serein. A la fin de son groupe mythique, Daniel Darc va travailler sur lui, sa vie, ses envies, ses amours, s'administrant des potions qu'il considérait comme salvatrices. Surement. Il va s'écharper, se sculpter, se défaire de tout ce qu'il déteste quitte à tout perdre, essayer de tout enlever pour y voir plus clair.
Et le miracle "Créve coeur" en 2004 avec et grace à Frédéric Lo. Un album de renaissance. Un album de poésie et de profondeur absolue. Un son parfaitement trouvé par Lo, et des textes tristes mais qui laissaient passer comme une sérénité acceptée. Son chef d'oeuvre. un des chefs d'oeuvre de la chanson française. Un puit pour se receuillir et sourire.
Une grace qu'il a su distiller encore une fois dans son duo avec Berry reprenant la chanson "des Choses de la vie" chantée à l'époque par Romy Schneider....
Puis son dernier album en 2011 "La taille de mon âme". Comme un dernier souffle et une envie de tourner la page. A Paris dans sa ville. A Paris qui s'épelait m-e-r-d-e au début des années 1980. Mais Paris qui ne le quittait pas et qu'il ne quittait pas. Paris et ses nuits, la poésie incarnée de tout ce que la vie n'a jamais su lui apporter. C'est une histoire très triste et absolument pas dérisoire.....
Nous nous sommes tant aimés Daniel. Et ce n'est pas près de changer.